Jeudis 19, 26 janvier et 2 février 2023 de 18h30 à 20h

Maison pour Tous Chopin (1 rue du marché aux bestiaux – Montpellier)

21€ pour le cycle complet (paiement à la première séance)

+7€ d’adhésion annuelle au réseau des Maisons pour Tous (à régler à l’accueil)

Présentation

La sociologie de l’émancipation a pour objectif de produire des connaissances pour comprendre le monde social dans lequel nous sommes pris et qui nous constitue. Elle tente de cerner les rapports de domination qui s’y déploient et d’identifier des pistes collectives pour en sortir.

Nous avons d’autant plus besoin de ces connaissances que le changement global nous oblige à transformer nos organisations sociales actuelles et à les reconstruire sur la base de rapports d’entraide, de coopération et de solidarité.

Dans ce premier cycle de trois conférences, nous abordons ces thèmes à travers les notions d’autonomie et de démocratie, en nous appuyant notamment sur l’œuvre du philosophe et sociologue Cornelius Castoriadis.

Ce sont les institutions (lois, coutumes, règles, traditions…) qui donnent forme aux sociétés et aux individus. Ces institutions sont le produit de l’imaginaire collectif et anonyme. Cependant, leur origine a souvent été attribuée à des causes extérieures à la société : dieux, ancêtres mythiques, « le marché »… Presque toujours les sociétés ont donc vécu dans l’hétéronomie (« les lois sont données par d’autres »), occultant ainsi leur propre créativité. Alors, les institutions semblent s’autonomiser, posséder leur inertie et leur logique propre. Quand elles finissent par être écrasantes, on parle d’aliénation sociale.

A l’inverse, l’autonomie sociale apparaît lorsque les femmes et les hommes se donnent eux-mêmes leurs institutions, tout en sachant qu’ils le font. Toute la responsabilité du choix revient à l’humain et ne peut reposer sur aucun principe absolu si ce n’est la délibération et la décision collective. On comprend, dès lors, que la démocratie proprement dite est le régime de l’autonomie. Elle implique, en effet, la participation active et égalitaire à tout pouvoir social qui décide des affaires communes qu’elles soient de nature politique, économique ou autre.

L’imaginaire social de l’autonomie et de la démocratie traverse l’histoire, depuis l’Athènes antique jusqu’à nos jours, avec des périodes de plus ou moins forte occultation. Dans les sociétés modernes, il entre en contradiction avec une autre forme d’imaginaire social et ses institutions : l’imaginaire d’une expansion illimitée de la maîtrise (pseudo-)rationnelle du monde.

Le régime capitaliste met ce projet au service de la recherche de la maximisation du profit, associée à une maximisation de la production, elle-même tributaire d’une maximisation de la consommation. Ce régime qui prend la forme d’un rapport social d’exploitation s’organise selon un mode bureaucratique qui repose sur la division entre strates de dirigeants et d’exécutants.

Le projet de maîtrise/exploitation illimitée du monde, la division de la société entre dirigeants et exécutants, la production et la consommation comme seules finalités de la vie humaine entrent en contradiction explicite avec le projet d’autonomie qui est remise en question permanente des fins que la société se donne à elle-même et avec la conception égalitaire de la démocratie. En outre, cet imaginaire vient achopper aujourd’hui sur le changement global.

Face à ces différents achoppements et contradictions, la tradition de l’autonomie fournit des propositions théoriques et concrètes permettant d’envisager les transformations sociales qu’appellent le projet de la société démocratique et écologique.

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