
Les larmes sont aussi un fait social
lire la suite →

lire la suite →

Transe et Possession : Approches Ethnologiques
lire la suite →

Le Chaman au regard de l’Ethnologue
lire la suite →

Pastoralisme et Capital Symbolique
lire la suite →

La Tromperie de l’Économicisme
lire la suite →

Aux origines de l’individualisme moderne
lire la suite →

Penser le féminin et le masculin
lire la suite →

L’efficacité symbolique du chamanisme
lire la suite →

Le chef est un faiseur de paix: anthropologie politique
lire la suite →
Ethnologie et autres dénominations
De l'ethnologie, on peut dire en première approximation qu'elle s'intéresse de manière privilégiée aux sociétés et aux faits culturels, dans leur diversité.
Le terme anthropologie est plus ancien. Son utilisation a été relevée par Alfred Haddon (1910), chez Aristote et d'autres auteurs grecs. A la période de l'Aufklärung, Kant l'emploie à nouveau. Il désigne le projet d'une science empirique qui a pour objet les différentes manifestations de la vie humaine.
Dans la tradition anglo-saxonne, l'anthropologie sociale et culturelle prennent les définitions de sciences qui portent respectivement sur les groupements humains et leurs cultures (Alfred Kroeber, 1948). En France, en revanche, l'appellation voit son sens se réduire. Dès le 19ème siècle, elle ne désigne plus que l'anthropologie physique.
Sous l'impulsion d' Émile Durkheim (1858-1917), c'est le terme sociologie qui est proposé pour nommer le projet de réflexion globale et comparative, sur les sociétés humaines. A la même époque, la vision dualiste s'affirme, entre sociétés modernes et traditionnelles. Dans la perspective ethnocentrique des Européens, les sociétés "autres" (africaines, asiatiques, amérindiennes...) sont souvent inscrites au registre de la tradition.
Une partition s'établit entre l'ethnologie qui étudie les communautés "autres" et la sociologie qui s'intéresse aux sociétés de la modernité, différenciées et de grandes dimensions. Marcel Mauss (1872-1950), neveu et collaborateur de Durkheim, bien que s'étant toujours présenté comme sociologue (le terme d'ethnie véhicule selon lui des connotations douteuses) fonde l'Institut d'ethnologie de Paris en 1925.
A partir des années 1930, les premiers ethnologues français (Marcel Griaule, Germaine Dieterlen, Germaine Tillion, André Haudricourt, Georges Devereux...), formés par Mauss, commencent à réaliser des enquêtes de terrain prolongées, en Afrique et en Asie. Notons qu'en Allemagne et dans les pays de langue anglaise, cette approche était déjà établie, depuis le début du siècle : notamment grâce à Franz Boas, Alfred Radcliff-Brown, Bernarhdt Ankermann ou Leo Froebenius.
Vers le milieu du 20ème siècle, l'ethnologie française connaît un tournant. Georges Balandier étudie les mutations sociales, dans l'Afrique de la décolonisation. Pour tenter d'assumer à la fois l'appréhension des dynamiques sociales et du comparatisme culturel, il utilise les termes de sociologie et d'anthropologie. Claude Lévi-Strauss qui veut aussi marquer sa rupture avec la tradition ethnologique (introduction des apports de la linguistique structurale, de la psychanalyse...) forge l'appellation d'anthropologie structurale.
Dans un ouvrage, publié à la fin des années 1990, Françoise Héritier, avance que l'usage français à deux termes (ethnologie, ethnographie) a finalement évolué vers un usage à trois termes.
L'ethnographie désignerait avant tout un travail descriptif. Celui-ci peut porter sur une population ou sur un phénomène bien délimités. On peut faire l'ethnographie d'un groupe (une équipe de football), d'une communauté de vie (un village montagnard du Haut-Atlas). Mais l'ethnographie aborde aussi les techniques ou les comportements sociaux (la construction des maisons, la fabrication du pain, les formes de salutations...) pris dans une aire géographique donnée ou dans le Monde entier. Dans tous les cas, il s'agit avant tout de collecter ou de recenser des données et des descriptions.
Quant à l'ethnologie, elle consisterait davantage en un travail d'analyse, le plus exhaustif possible, portant sur une communauté sociale. L'enquête de terrain est un pré-requis indispensable du travail d'ethnologue. Elle doit permettre d'approcher tous les aspects touchant au fonctionnement social, aux techniques, aux modes de vie et à l'univers symbolique. L'ethnologie permet de dresser un tableau intégré de la société étudiée.
L'anthropologie, enfin, se donnerait la tâche ambitieuse d'arriver à formuler des lois générales ou des modèles d'intelligibilité de pratiques sociales données. Ainsi Françoise Héritier tente de mettre au jour les grands invariants de la pensée qui sous-tendent la domination masculine, dans les sociétés humaines. Pour ce faire, elle use du comparatisme et s'appuie sur les travaux issus de l'ethnographie et de l'ethnologie.